En nous basant sur des conseils de Ron Billingsley, un spécialiste britannique du sauvetage des oiseaux sauvages volontaire à la Royal Society for the Prevention of Cruelty to Animals (RSPCA), nous vous expliquons quoi faire lorsque vous êtes confronté à une série classique : vous avez trouvé un oisillon en détresse.
Ses conseils et astuces ne sont pas ceux d'un vétérinaire, mais ceux d'un "infirmier" expérimenté, et sont basés sur l'observation et le bon sens. Cet article est destiné à des oisillons récupérés qui ne peuvent pas être remis sans risque dans la nature. Il est d'ailleurs toujours recommandé d'intervenir le moins possible, car les parents sont souvent présents à proximité du lieu où l'oisillon a été trouvé et pourront continuer à le nourrir.Sports News | Yeezy Boost 350 Trainers
Ron Billingsley a réussit à sauver et à élever une variété remarquable d'espèces : Canard colvert (Anas platyrhynchos), plusieurs rapaces dont le Faucon crécerelle (Falco tinnunculus), l'Effraie des clochers (Tyto alba), Pie bavarde (Pica pica), Corneille noire (Corvus corone), Mésange bleue (Parus caeruleus), Étourneau sansonnet (Sturnus vulgaris), Merle noir (Turdus merula), etc. Ses méthodes seront donc applicables à la plupart des situations que vous rencontrerez.
Mais la meilleure solution restera toujours de contacter un centre de soins, si celui-ci est à une distance raisonnable.
Le nid de remplacement
Les oisillons les plus fréquemment recueillis sont ceux du Merle noir (Turdus merula), et c'est cette espèce qui servira d'exemple dans le texte.Il est facile de fabriquer un nid à partir de polystyrène et de papier. Il est en effet plus aisé de le maintenir au chaud et propre dans ce type de matériaux.
La forme de coupole doit être conservée : les poussins élevés sur des supports "plats" (cage) peuvent en effet présenter ultérieurement des défauts de développement (pattes écartées).
Il est facile de creuser une coupe dans un petit bloc de polystyrène, puis de le garnir avec des couches de papier toilette doux (n'employez pas de coton, susceptible de s'accrocher dans les griffes du poussin).
Placez l'ensemble à l'intérieur d'une petite boîte de carton garnie de tissus pour pouvoir éliminer les excréments.
Le nid artificiel doit être de la même taille que le vrai, car les poussins voudront éliminer leurs crottes en dehors de celui-ci pour le maintenir propre : il faut donc que les rebords ne soient pas trop hauts.
En plaçant le nid dans une boîte, il vous sera plus facile de déplacer l'ensemble.
Les poussins doivent être alimentés chaque demi-heure ou presque, et en tout cas lorsqu'ils réclament de la nourriture. En dehors de la période de nourrissage, l'oisillon doit être maintenu au chaud.
S'il a peu de plumes, placez-le près d'une source de chaleur douce et couvrez-le d'un tissu souple (sans l'étouffer !) pour simuler un parent le couvant. Les oisillons doivent être généralement "gais" et énergiques. S'ils sont léthargiques, c'est qu'ils ont sûrement trop chaud ou trop froid.
Surveiller les crottes
Une petite paire de pinces à épiler est un excellent ustensile pour le nourrissage. La plupart des oiseaux prennent aisément la nourriture avec cet outil, car il ressemble au bec de ses parents. Lorsqu'il ingurgite la nourriture, vous noterez que le poussin place sa tête vers le bas et surélève son extrémité arrière vers le haut pour déféquer. Il le fera probablement sans votre aide, mais en cas de difficultés, vous pouvez l'assister pour éliminer ses déjections. Gardez le nid propre.
Il ne faut pas donner d'eau directement : si vous lui donnez un régime correct, les poussins obtiendront assez d'humidité à partir de la nourriture. Vous pouvez cependant l'humidifier si elle est trop sèche.
La nourriture est un élément crucial du succès, et elle dépend de l'espèce recueillie. Si vous n'êtes pas sûr de l'identification de l'oiseau, vérifiez-la dans un guide. Quand la nourriture correspond à l'oiseau, les crottes seront fermes, habituellement noires ou brunes avec une partie blanche (l'urine), le tout contenu dans un petit "sac".
Les vers jouent un rôle important dans le régime des merles. Mais attention, certains peuvent contenir un parasite dont les œufs se logent dans la gorge de l'oiseau, l'obstruant et pouvant causer la mort. Un signe précurseur de cette parasitose est l'halètement. Un vétérinaire peut vous distribuer un médicament, le Fenbendazole contre cette maladie.
Les aliments pour chat ou chien semblent être un bon substitut à la place des vers, mais pas sur une période trop longue.
Les asticots (achetés dans un magasin d'attirail de pêche) s'ajoutent également au régime (NDLR : selon certains spécialistes de la Ligue Royale Belge pour la Protection des Oiseaux, les asticots restant en vie longtemps dans l'estomac et l'intestin, ces derniers peuvent y provoquer des dégâts : il est donc conseillé de les tuer par le froid auparavant en les congélant). Conservez une une partie des pupes (= enveloppes) des larves : elles fourniront du calcium.
Maintenez la boîte d'asticots dans un réfrigérateur et ne sortez que la ration quotidienne, les larves vivront beaucoup plus longtemps (Attention : ne donnez pas trop d'asticots à de très jeunes oiseaux car elles sont très riches et peuvent avoir causer la diarrhée).
Quand les oiseaux seront emplumés, ils les mangeront sans limites. Certains fruits telles que bananes, prunes et raisins peuvent être ajoutées de temps en temps. Contrôlez régulièrement leurs crottes, elles vous indiqueront si vous êtes sur la bonne voie ou non. Un régime à base de vers est le plus efficace pour les merles. Si vous ne l'appliquez pas, regardez les excréments pour savoir si votre substitut est correct.
Des astuces pour nourrir l'oisillon
Nourrir des poussins très jeunes n'est pas un problème à priori, parce qu'ils ouvrent leur bec en grand dès qu'ils sentent une présence au-dessus du nid. Un poussin plus âgé sera légèrement effrayé au début, mais avec une peu d'ingéniosité il sera possible de lui faire croire que votre main représente son parent.
Vous serez peut être obligé de maintenir délicatement le bec ouvert avec votre ongle, tout en faisant pénétrer la nourriture doucement dans la gorge, mais essayez le stratagème suivant :
Couvrez leur boîte avec du tissu foncé, pour les maintenir au calme.
Retirez-le ensuite, et offrez-leur la nourriture, ils devraient ouvrir leur bec ouvert.
Si ce n'est toujours pas le cas, touchez doucement les côtés du bec, cela déclenche son ouverture du bec.
La nourriture à lui donner est la pâtée pour insectivores que l'on peut trouver dans les animaleries (plusieurs fois par jour), des vers de farine ou mieux de la pâtée pour chat qui semble plus équilibrée. Une autre excellente nourriture sont les croquettes pour chat, préalablement trempées dans de l'eau tiède pour les ramollir. Il ne faut surtout pas donner de pain trempé dans le lait.
En grandissant, il faudra légèrement adapter leur régime, et d'ailleurs l'oisillon vous fera connaître quelle nourriture il préfère. Il détournera sa tête pour un produit qu'il n'apprécie pas. Vous pourrez donner moins de vers et plus d'asticots et de croûte de pain brun imbibée d'eau (attention à l'excès de cet aliment).
Hydrater l'oisillon
Il est d'abord conseillé de ne pas lui donner à boire de force : en effet, il existe deux orifices au fond du bec, dont un seul correspond à l'œsophage. Si jamais le liquide est rentré dans le mauvais trou, on entend une sorte de ronflement et des bulles peuvent même sortir des narines : c'est alors très mauvais signe…
Sifflements avant le repas
Bientôt il s'emplumera, et les choses deviendront plus amusantes. Mettez au point un signal (sifflement) que vous répéterez à chaque alimentation. Vous pouvez également émettre un mot, suivi d'un sifflement, puis du repas.
En grandissant, le nid deviendra progressivement trop petit : il pourra rester dans sa boîte, que vous placerez à l'extérieur dans un endroit calme et protégé des intempéries et des prédateurs. Gardez un œil constamment sur votre protégé pour écouter ses cris d'alarme.
Il est utile de les placer dans un environnement qui pourra l'aider lors de sa phase d'envol : présence d'un arbuste à proximité, d'un rebord, où il pourra se reposer lors de ses essais.
L'envol
Vous devez encourager les oiseaux à venir vers vous pour se nourrir. Après chaque repas, garder le contact avec de petits sifflements. Cela le mettra en confiance. Mettez à sa disposition une coupe d'eau peu profonde pour qu'il puisse se baigner et nettoyer ses plumes.
Couvrez toutes les surfaces d'eau (étangs, etc.), les oisillons se noient très facilement.
Soyez attentif aux cris d'alarme, signes d'un danger avant-coureur.
Pendant la première semaine d'envol, il vaut mieux le mettre dans une cage couverte par un tissu pendant la nuit.
Évitez de l'attraper trop fermement, il risque de méfier de vous. Il est conseillé de le laisser se percher sur un doigt, en tenant ses ailes avec les autres.
Dès qu'il volera normalement, faîtes en sorte qu'il se perche en sécurité. Le matin, appelez-le.
En grandissant, il va perdre quelque peu son intérêt pour les vers, préférant davantage les fruits, la viande, etc. Encouragez-le à s'alimenter, en plaçant son repas sur le sol. Placez des larves sous des feuilles, il apprendra à les chercher en les écartant. Petit à petit, il prendra son indépendance.
La phase de nourrissage prend énormément de temps, et il convient que les membres de votre famille vous aident. Quand il grandira, vous pouvez espacer le nourrissage pour l'encourager à chercher sa nourriture.
Les choses ne se dérouleront pas toujours très bien : un chat pourra tuer votre protégé. Ne vous culpabilisez pas, c'est la vie !
Un conseil important : limitez au minimum vos contacts avec l'oiseau, afin d'éviter le phénomène d'imprégnation.
Le cas d'un oiseau déja volant, affamé et déshydraté
Étant sauvage, il n'acceptera pas votre nourriture. Nous devons l'habituer à manger les aliments que nous lui proposons. Quand l'oiseau arrive chez vous, il sera souvent très effrayé et probablement affamé.
La première chose à faire est de faire un premier examen, pour rechercher d'éventuelles blessures.
Manipulez-le très doucement mais fermement. Si vous êtes droitier, tenez-le dans votre main gauche.
Vérifiez que ses pattes ne sont pas cassées ou blessées.
Puis, avec les pattes coincées entre vos doigts, étalez une aile puis l'autre pour les vérifier.
Contrôlez sa poitrine (sternum). Celle-ci doit être bien en chair, non pointu, arrondie chaque côté. Si elle est très pointue, cela signifie que l'oiseau meurt de faim et doit être alimenté et hydraté d'urgence.
Une solution vétérinaire vitaminée mélangée avec du glucose sera administrée avec une petite seringue (votre vétérinaire local devrait pouvoir vous conseiller sur ce point). Dans des cas extrêmes, il conviendrait de lui faire ingérer une petite dose du mélange avant de l'alimenter. Si vous n'avez pas cette solution, de l'eau plate suffira. Ajoutez du glucose si vous en avez.
Attention, il convient d'être très prudent lors de l'hydratation de l'oiseau, car celui-ci peut se noyer très facilement. Il est donc recommandé d'adapter un petit tube à l'extrémité d'une seringue et de pousser doucement cet instrument vers le bas après la zone située derrière la langue avant d'administrer le fluide. Le bec d'un oisillon est très mou, soyez-donc très délicat.
Si le "patient" est très maigre, il va falloir le gaver. Cela est plus facile à deux personnes, l'une lui l'ouvrant le bec, l'autre enfonçant délicatement la nourriture avec des pinces à épiler. Ne donnez pas trop de nourriture en même temps, et souvent.
Si vous trouvez des blessures, apportez l'oiseau à votre vétérinaire local en lui expliquant que vous essayez de remettre l'oiseau en état.
Calmer l'oiseau
Si tout va bien, vous ne trouverez pas de blessure. L'oiseau a été jusqu'ici élevé par ses propres parents, et ne devrait ainsi pas s'imprégner de la présence de l'homme. Le but unique sera de remettre sur pieds l'oiseau le plus rapidement possible puis de le relâcher.
La première chose à faire est de placer l'oiseau dans une boîte de carton avec le couvercle ouvert, mais recouvert de tissu sombre. Ceci aura pour effet de le calmer.
Il faut le laisser seul pendant environ une heure pour passer à la suite des opérations. Nourriture à portée de main et pinces prêtes, approchez tranquillement de la boîte.
La pièce ne doit pas être trop fortement éclairée. Puis retirez doucement la pièce de tissu.
Il ouvrira très probablement son bec tout de suite. Si c'est le cas, donnez lui la nourriture rapidement et précisément.
S'il semble encore stressé, remettez le tissu et attendez un peu. Cette méthode est bien meilleure que l'engraissement forcé, mais parfois il n'y a pas d'alternative.
Deux boîtes
Après quelques sessions d'alimentation, l'oisillon réclamera de lui-même la nourriture. Il alors temps de le transférer dans deux boîtes (l'utilisation de cages n'est pas recommandé, l'oiseau risquant de s'abîmer les plumes contre les barreaux), une sombre pour dormir, et une grillagée. Couvrez au début cette dernière avec un tissu clair, pour diffuser une lumière tamisée et le calmer. Laissez l'oiseau s'approprier son nouvel environnement, puis alimentez-le. Il hésitera au début, puis deviendra plus confiant.
C'est une bonne idée que de placer du feuillage dans la boite grillagée, pour qu'il puisse se cacher. S'il essaye de "couper" le grillage, replacez le tissu pour le calmer.
Placez aussi une petite coupole avec de l'eau dans cette boite.
Il faudra le nourrir toutes les demi-heures environ, ou selon le rythme de ses appels.
Lorsque vous vous apercevez qu'il s'approche de vous pour récupérer son repas, vous pouvez ouvrir sa boîte.
Placez-le dans un secteur calme du jardin, où il peut vous attendre pour être nourrit.
Le soir, replacez-le dans sa boîte. Le matin suivant, il peut être remis dans sa cachette diurne.
Ne l'encouragez pas à voler : il le fera naturellement plus tard.
En attendant, placez-le la nuit dans sa boîte.
Le matin, il piaillera pour réclamer sa nourriture. Au bout d'une semaine, il volera dans votre jardin puis un jour partira...
Source: ornithomedia.com